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75 Jahre Befreiung der Stadt Lüttich – Rede des Botschafters
Lesen Sie hier die Rede des Botschafters der Bundesrepublik Deutschland beim Königreich Belgien, Herrn Martin Kotthaus, die er am 7. September 2019 anlässlich der Gedenkfeierlichkeiten der Befreiung der Stadt Lüttich vor 75 Jahren gehalten hat. (Niederländisch/Englisch)
Monsieur le Bourgmestre,
Chers vétérans,
Excellences et Collègues,
Mesdames et Messieurs (en vos titres et qualités),
Le 75e anniversaire des libérations du territoire et de la victoire sur le nazisme constitue un grand moment de mémoire partagée qui réunit tous les pays d’Europe. Mais, parallèlement, nous commémorons partout aussi le début de la Seconde Guerre mondiale il y a 80 ans.
Ainsi, nous ne commémorons pas seulement ce jour heureux de la libération de la ville après quatre années d’occupation, de guerre et de terreur, mais encore et surtout les victimes du régime de terreur nazie et tous ceux qui ont perdu la vie au cours de la guerre.
L’année dernière, nous avons célébré ensemble la mémoire de la fin de la Première Guerre mondiale il y a 100 ans. La ville de Liège, en particulier, et toute la Belgique ont, en l’espace de quelques décennies seulement, eu à subir par deux fois le dédain de leur grand voisin à l’Est des frontières, celui-ci ignorant la neutralité belge et piétinant littéralement la souveraineté nationale.
Liège a beaucoup souffert sous l’occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale et aussi du temps de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, nous restons stupéfaits face aux crimes atroces commis, tels l’exécution de nombreux prisonniers politiques ici à la Citadelle de Liège, ou encore l’assassinat de dizaines de milliers de citoyens de confession juive, par exemple. À l’aube de la guerre, Liège s’est vu prise d’assaut et occupée par l’ennemi en dépit de toute obligation vis-à-vis de sa neutralité. Le régime de terreur de l’occupant nazi y sévit, massacra et déporta, et ce jusqu’à la libération en 1944.
Et pourtant, au printemps de l’année 1951, soit à peine six ans après la fin de la guerre, la Belgique fut parmi les premiers pays d’Europe à tendre la main de la réconciliation à l’Allemagne et à rétablir des relations diplomatiques officielles avec elle, lui ouvrant ainsi la voie vers un retour au sein de la communauté des États européens et de la communauté internationale.
Ce n’est que grâce à la volonté inconditionnelle de la Belgique et des autres pays que la réconciliation de l’Allemagne avec ses voisins européens, de même que la reconnaissance de la jeune République fédérale d’Allemagne en tant que partie immanente d’une Europe pacifique, put avoir lieu. C’est pour cela aussi que nous, Allemands, sommes à ce jour encore immensément reconnaissants aux Belges.
À l’instar du président fédéral allemand Steinmeier qui a dit, la semaine passée en Pologne, qu’il n’est pas évident qu’un président allemand puisse prendre la parole sur les lieux où la Deuxième Guerre mondiale a commencé – soit par le bombardement de la ville de Wielun -, je tiens à vous dire qu’il m’importe beaucoup, que je me réjouis grandement de pouvoir serrer la main de l’amitié que vous me tendez en signe de réconciliation en m’invitant à prendre la parole aujourd’hui.
Aujourd’hui, nous ne sommes pas que de simples voisins, mais des partenaires et amis très proches. Se renforçant peu à peu au cours des décennies, l’amitié qui lie nos deux pays est devenue solide et indéfectible. Je ne veux pas seulement mentionner pour preuve les relations politiques, économiques et culturelles excellentes que nous entretenons, mais aussi le fait que soldats belges et allemands garantissent côte à côte la stabilité et la liberté en Afghanistan, au Mali et en Lituanie.
La libération de Liège, de la Belgique et de l’Europe en 1944/45 marqua le début d’une nouvelle ère : celle de l’espoir. L’espoir de voir la paix s’installer définitivement en Europe après deux guerres mondiales meurtrières.
Il y a un an, nous avons commémoré ensemble, ici à Liège, la fin de la Première Guerre mondiale en 1918. Vingt et un an avant le début de la Seconde Guerre mondiale en 1939, les peuples de l’Europe avaient déjà dit : „plus jamais !“. La Grande Guerre était supposée avoir été celle qui mettait fin à toutes les guerres. Mais aussi terrible qu’elle eût été, particulièrement en Belgique et à l’est de la France, tout comme à l’est du continent – même cette horreur-là n’a pas pu empêcher une nouvelle guerre catastrophique.
Ce n’est qu’après 1945, face à une Europe complètement détruite et aux ravages aux quatre coins du monde ; ce n’est qu’à la vue de ces nouveaux millions de morts, de blessés, de veuves, d’orphelins ; ce n’est qu’au constat du nombre colossal de villes, de monuments et d’États rayés de la carte que les femmes et les hommes d’Europe ont enfin trouvé la force de tout mettre en œuvre pour vaincre le mal fondamental de notre vieux continent : le nationalisme ! Dès lors, nul pays, nul peuple, nul n’y personne ne devait plus s’estimer être supérieur, plus indispensable, plus important, plus grand ou meilleur qu’un autre peuple ou pays. Il importa de faire le maximum pour que soient éradiquées les racines du mal.
Permettez-moi de vous citer le président fédéral qui, le 1er septembre dernier à Varsovie, s’est exprimé ainsi : „L’Europe unie, c’est l’idée salvatrice. Elle est le fruit de plusieurs siècles de guerres et de destructions, d’hostilités et de haine.
Oui, cette Europe a vu ce qu’il y avait de pire en l’homme mais elle a pourtant misé de nouveau sur ce qu’il y avait de meilleur en lui.“
L’Union européenne est une union d’États forte, comme le monde n’en a encore jamais vue. Basée sur le principe démocratique et de l’égalité des États. Et fondée sur le principe de l’État de droit. Puis sur la libre circulation et les droits de l’homme. Capable d’agir. Une union qui, pour la première fois depuis des siècles, a apporté quasi 75 années ininterrompues de paix et de prospérité à ce continent et ses peuples inlassablement meurtris au cours des siècles précédents : un bonheur inouï, mais hélas pas toujours estimé à sa juste valeur.
Actuellement, nous voyons combien des rapports de pouvoirs et de forces politiques que nous croyions sûrs se transforment et changent. Des valeurs que nous pensions acquises sont mises en question et sapées, et ne constituent hélas plus des certitudes absolues. Mettons-donc ensemble tout en œuvre pour que nous puissions aussi à l’avenir vivre dans la liberté, dans la démocratie et dans la sécurité !
Car rien de tout cela ne va de soi, aucune de ces valeurs n’est à tout jamais garantie. Les bulletins d’information sont remplis de soucis, de crises, de menaces et de problèmes. Nous devons donc tous, chaque jour, nous engager à nouveau pour ces valeurs et ces droits de l’homme fondamentaux. Nous devons, tous ensemble, œuvrer pour lutter contre l’extrémisme et le populisme, contre des exactions ou débordements à l’encontre de personnes d’origine différente, ainsi que contre l’antisémitisme. Nous devons être, ensemble, jour après jour, les garants de la démocratie, de la liberté et de l’État de droit – nous devons bien cela aux libérateurs qui se sont sacrifiés, aussi. Ne les oublions pas, celles et ceux qui se sont engagés pour que nous, aujourd’hui, puissions vivre dans la paix et ce depuis …quasi 75 ans !
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.